Sung Yun Yoo
> Corée du sud
Regarder l’éternité
Recherche un visage de l’éternité à travers les objets et les ruines
Né en 1976 à Séoul, Sung-Hyun Yoo vit et travaille à Paris depuis neuf ans. L’exploration de ces ruines, oubliées et difficilement accessibles, dans son pays natal, apparaît ainsi comme une quête des origines. Il ne s’agit pas uniquement de remonter le temps, mais d’évoquer les discontinuités entre présent, passé et futur. Cette montée à rebours, comme à la recherche du « principe premier » en métaphysique, symbolisée par l’ascension des montagnes où se trouvent les ruines, s’inscrit dans une recherche sur soi et dans la quête de ce qui est, en prenant appui sur ce qui n’est plus. Le travail de Sung-Hyun Yoo convoque ainsi l’idée d’un « au-delà » de la mémoire vive, là où on ne va plus, telle que suggérée par les hors-champs photographiques, et ouvre à de nouvelles images de pensées de la Corée contemporaine.
L’atemporalité comme marque de l’absence
La teinte sépia des photographies, inspirée du daguerréotype, situe les paysages et les fragments dans une temporalité irréelle. Se succèdent alors une série d’images flash. Cette mise en scène d’un imaginaire passéiste interroge le spectateur sur la valeur du terrain que l’on nous donne à voir. Ces fragments photographiés, anodins, clandestins, parfois informes, se transforment ainsi, par la superposition des strates temporelles, en trésors mystérieux d’une richesse contenue. Ces vestiges d’un passé fictif et flou représentent le vide profond laissé par la division de la Corée, en chacun, et bien au-delà des frontières. Les photographies de Sung-Hyun Yoo explorent le passé délaissé de la Corée du Sud, qui bien que très traditionnelle, s’est tournée vers la modernité la plus technologique, comme pour ne pas regarder en arrière. Elles interrogent notre propre relation à ce qui fait sens lorsque la photographie devient fiction rétrospective.
Dépasser les divisions pour reconstruire
Au beau milieu du tumulte de la Corée contemporaine, Sung-Hyun Yoo gravit les montagnes et nous ouvre à une esthétique de la sérénité. Cette démarche du désengagement se comprend surtout dans un contexte de divisions : celle de l’artiste expatrié, celle d’un pays fractionné en deux. Cette esthétique révèle un souhait pour l’avenir de la Corée, celui de faire émerger une anticipation sereine et étendue des consciences au contact de l’énergie des pierres. Regarder son passé, l’accepter, se reconstruire.